9 mars 2024 - Atelier AVF
Hervé nous a quitté ! Jacqueline est arrivée.
Il en va ainsi dans les ateliers, certains s'y plaisent, d'autres pas. Cette séance fût particulièrement joyeuse.
Pour débuter, rien de tel qu'une phrase extraite du "Journal 1944 -1947" de la grande romancière Anaïs Nin.
"Trop d'importance donnée à la technique, empêche le naturel"
L' atelier de ce samedi est placé sous le signe de la spontanéité. Comment laisser jaillir l'inspiration, par des associations d'idées, en se laissant traverser par des émotions, en débridant notre imagination, sans chercher de rationalité, de cohérence, se laisser porter, traverser par ce qui nous vient à l'esprit, en liberté !
Nous avons donc commencé par un jeu d'associations de mots et d'idées
Huit mots à réunir deux par deux pour en obtenir un tout nouveau par association d'idées. Puis on répète l'opération jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un seul mot.
· Jouet
· Flûte
· Organisation
· Fourmis
· Bouteille
· Lac
· Cheveux
· Accueillir
A partir du dernier mot obtenu - qui est signifiant - on écrit un texte de dix ou quinze lignes illustrant ce mot.
Et voilà ce que cela a donné !
JOUET + FLUTE = BOIS
ORGANISATION + FOURMIS = FAMILLE
BOUTEILLE + LAC = NOYADE
CHEVEUX + ACCUEILLIR = SALON
BOIS + FAMILLE = INCENDIE
NOYADE + SALON = IVRESSE
INCENDIE + IVRESSE = COLERE
Jour noir comme un déluge. Tout tonne et m'étonne. Pourquoi ce tourbillon de saletés, ces insanités qu'il m'a jetées au visage. Son visage bouffi, rouge, éructant. J'ai eu peur. J'ai crié plus fort que lui. J'ai rugi. Il a fui. Le lion n'était qu'un petit chat. La pluie battante a bientôt cessé, comme mon cœur a cessé de tambouriner.
JOUET + BOUTEILLE = QUILLE
ORGANISATION + ACCUEILLIR = CHALEUR
FOURMIS + CHEVEUX = NOEUDS
FLUTE + LAC = PAIX
CHALEUR + PAIX = SERENITE
QUILLE + NOEUDS = DIFFICULTE
SERENITE + DIFFICULTES = VIE
La vie n'est pas linéaire, chaque jour de nouveaux défis arrivent qu'on peut nommer aussi difficultés. Puis après avoir, relevé ces défis, relativisé et évolué peut-être ... Vient la sérénité.
Mon avis : pas simple à partir d'un mot, d'écrire un texte qui symbolise ce mot, qui l'illustre, qui lui donne vie. Cet exercice demande de laisser parler des émotions, des sensations. Le second texte parle bien de la vie, en donne une explication, mais il reste dans l'analyse, l'intellect et ne donne pas à sentir les vibrations de la vie.
Et parlant d'émotion, je n'ai pu m'empêcher de partager celle qui m'a saisie, bouleversée en découvrant les mots de ce livre très court, mais très dense,
Rien n'est su
de Sabine Guarrigues
aux éditions du Tripode
Lisez-le ! Laissez-vous traverser par les mots simples et puissants, vrais et justes, de cette mère, cette femme, qui apprend que sa fille fait partie des victimes de l'attentat du Bataclan en novembre 2015.
Son écriture est concise, percutante. Ce n'est pas un roman. Ce n'est pas un poème, même si les phrases sont présentées sous forme de vers non classiques. C'est un cri, un soupir, une longue litanie faite d'espoirs et de désespoirs, ce sont des images, des pas, des mots, des questions, de la souffrance à l'état brut, comme abrutie par l'indicible, mais c'est aussi de la beauté, de l'amour inconditionnel, de la vie qui gagne sur la mort.
Portrait à la façon de Proust ! Si j'étais....
A partir d’un autoportrait qui consiste à répondre à une série de questions « si j’étais …. », bâtir le portrait physique et psychologique d’un personnage fictif.
Les questions « Si j’étais… » :
- Un animal :
- Une saison :
- Une couleur :
- Un objet :
- Un lieu :
- Un bruit :
- Un climat :
- Un végétal :
- Un héros (ou une héroïne) :
Une fois que vous avez répondu à ces questions, imaginez qui est votre personnage :
- Un homme, une femme, un enfant, un adolescent ?
- Comment est-il physiquement ? petit ? grand ? gros ? maigre ?
- Quel signe particulier a-t-il ?
- Quel est son caractère ? colérique ? timide ? susceptible ? joyeux ? mélancolique ?
Puis raconter une anecdote, une histoire (une page maximum) qui illustre et présente ce personnage et ses caractéristiques.
Et ça a donné ...
Avec les mots : vache / printemps / rouge / coffret à bijoux /lac / le feu qui crépite / climat tempéré / les bruyères / Scarlett O'hara
Elle était grande, plutôt rousse, avec un caractère entier, colérique. Elle aimait la mer, les tempêtes qui soulevaient les vagues et la déchainaient. Des paquets d'écume venaient se briser sur les rochers. Elle photographiait les éléments et s'approchait dangereusement de celle-ci, au risque d'être emportée par les lames. Tout la révoltait et cette mer en furie la confortait dans cette colère. La mer nourrissait la colère qui était en elle, contre sa famille, son mari, ses parents: personne ne la comprenait.
Mon avis : Vivant n'est-ce pas ? On l'imagine bien cette rouquine qui affronte la tempête, celle qui agite la mer, comme celle qui gronde dans sa tête. Une nouvelle Scarlett O'hara ? Un tempérament de feu ! Bravo Monique !
Avec les mots : loutre, printemps, orange, barque, Brière, glouglou, tempéré, quenouille, Davy Crockett
Arthur est réveillé, une nouvelle journée s'offre à lui. Ses rêves l'ont emporté bien loin ...mais là à sa porte, aussitôt botté, il court vers la barque qu'il a trouvé hier.
Plein de ressorts, le soleil du printemps illumine sa chevelure rousse, ses tâches de rousseurs sur le nez lui donnent un air coquin et son menton en avant un air décidé.
A lui l'exploration de l'autre rive ... Mais avant cela, il emporte de points et marteau, il faut réparer l'embarcation !
Mon avis: ce court texte s'inspire bien de tous les mots en réponse au "si j'étais". On imagine le jeune Arthur qui se prend pour Davy Crockett, vif comme le printemps, joyeux comme un glouglou, partant à l'aventure dans les marais de Brière. Bravo Brigitte !
Un autre texte issu du "si j'étais", que nous avons toutes plébiscité. Bravo Jean-Claude !
Et voici mon texte avec les mots : araignée / été / rouge / une lampe / la mer méditerranée /le tonnerre / climat chaud / pivoine / Alice au pays des merveilles
Je ne l'ai pas vu de suite. Elle est sortie de l'ombre d'une ruelle, pas si grande, de taille moyenne, elle avait l'air de toiser le monde. Un cou long et gracile. Un visage fin, anguleux presque, surmonté d'une tignasse rousse flamboyante que le vent agitait. Elle se déplaçait à petits pas rapides et sonores. Ses sandales claquaient sur les pavés du port. Arrivée près du bateau amarré là, elle héla le pécheur d'une voix forte et autoritaire, secouant ses cheveux comme si elle sortait du bain. Je restais fasciné par la puissance qui se dégageait de cette femme.
Elle fait peur, n'est-ce pas, cette photo du photographe chinois Lu Guang ?
Dernier exercice de ce samedi: observez bien cette photo, laissez vous imprégner par les sensations, les émotions, les évocations, les associations d'idées qu'elle provoque en vous.
Et maintenant, écrivez ! Décrivez ce que vous voyez au-delà de l'image. Quelle histoire vous inspire-t-elle ? Donnez-nous à voir, à ressentir avec des mots.
Voilà ce que cela a donné....
Mon avis : une vision un peu sèche, un peu trop rapide de cette image qui je pense provoque des réactions plus vives qu'une simple question. L' exercice est difficile. Merci Jean-Claude.
Cette photo représente pour moi, une centrale à charbon comme celle de Cordemais au bord de la Loire.
De l'autre côté des moutons paissent paisiblement. Industrie et campagne ! Est-ce que leur viande sera comestible, car cette centrale doit rejeter des polluants.
Je pense aux gens qui y travaillent, aux personnes qui habitent dans le coin. Je pense aussi à la raffinerie de Donges, avec ses hautes cheminées qui crachent du feu.
Mon avis: bien sur le texte évoque les problèmes de l'industrie qui pollue la campagne. Mais il ne traduit pas la noirceur de cette photo, il lui manque l'émotion. Pas simple, Monique !
2052 ! Nous y sommes ! Ce n'est pas faute d'avoir prévenu, alerté tous les pays du monde. Particulièrement les pays autoritaires qui n'ont que faire des gens et ne s'occupent que de s'enrichir, toujours plus.
Certains protectionnistes se replient sur eux-mêmes. La volonté d'expansionnisme, d'asservir les pays voisins pour capturer leurs richesses naturelles (métaux, eau, ...), la productivité à outrance, les exportations massives nécessitent une industrialisation toujours plus importante et dangereuse pour l'environnement....
Mon avis : le début était prometteur... je m'attendais à une histoire apocalyptique .. mais ...! bien sur ce texte est un constat suscité par la photo. Mais il ne répond pas à l'exercice. Il ne raconte pas une histoire, ne donne pas à ressentir ce que la photo évoque.
Pas facile Marie-Christine.
EXERCICE POUR LE PROCHAIN ATELIER
Lors du prochain atelier l' accent sera mis sur vos écrits personnels (mais pas que...)
Maintenant que vous avez une idée précise de ce que vous allez raconter, des personnes à qui vous voulez raconter votre histoire, qu'elle soit biographique ou imaginaire:
RETRAVAILLEZ VOTRE INCIPIT pour qu'il soit "choc", "étonnant" "original" "mystérieux", ... en bref qu'il permette au lecteur 1) de connaitre l'objet de votre histoire, sans pour autant tout dévoiler dès les premières pages 2) d'avoir envie de lire la suite parce que vous avez soigné le vocabulaire, que dès les premiers mots, vous avez rendu le texte vivant et rempli d'émotions.
METTEZ SUR UNE FEUILLE DE PAPIER tous les thèmes et anecdotes que vous avez envie d'aborder (exemples: la famille, les amis, les vacances, le voyage, la fuite, une querelle, une poursuite, une rencontre, un lieu particulier, un accident, une réflexion, .... ) Je vous donne des exemples mais c'est à vous de trouver les vôtres en fonction de l'objectif principal de votre récit.
CHOISISSEZ UNE ANECDOTE, UNE SCENE, parmi les exemples que vous aurez énumérés et racontez la en quelques pages. Pensez à vos personnages, pensez aux lieux où se déroule votre action, pensez aux émotions, aux sensations, aux réflexions liées à ce que vous allez écrire.
A vos stylos.... rendez-vous le samedi 13 avril !